Il attendit, comme d’habitude, d’être seul pour allumer le poste de radio et prit la direction de l’atelier.
— … et vous racontez l’histoire d’un amour impossible. Pourquoi ne pas avoir choisi un amour heureux ?
— Je pense que l’on peut aller beaucoup plus loin dans la douleur que dans le bonheur. J’ai l’impression qu’il y a plus de mots, plus d’images pour parler de la tristesse que de la joie. En poésie, c’est pareil. J’ai écrit davantage de poèmes qui traitent de désespoir que d’espoir. Je me sens plus à l’aise dans le drame que dans la comédie. J’aurais aimé être actrice, une grande tragédienne, une amoureuse au cœur déchiré.
— Votre héroïne s’appelle Laure, comme vous. Est-ce qu’elle vous ressemble ?
Paul tressaillit imperceptiblement.